Les berceuses doivent être lentes. Les berceuses doivent rester dans des volumes sonores très doux. Pour accomplir leur mission d’apaisement par le son, les berceuses ne doivent pas faire de sauts d’intervalle trop grands ou trop brusques. Plus on cherche à établir les critères musicologiques qui font qu’une berceuse est une berceuse, plus sa fonction d’endormissement risque d’être la seule vertu qu’on peut lui prêter. Au lieu de se laisser enfermer dans une vision quasiment comportementaliste de la berceuse, des étudiants en musicologie de l’Université de Grenoble ont procédé à une collecte. Au moment de mettre en commun les berceuses, ils se sont aperçus qu’elles n’avaient pas toutes été transmises dans l’état où elles avaient été reçues. Alors, à force de laisser miroiter une loi universelle des berceuses, une fiction s’est petit à petit installée : et si un État venait à vouloir créer la berceuse parfaite, capable d’apaiser, voire d’endormir, l’ensemble de la population. Comme l’absurde de la situation tend à prouver qu’il n’y a justement pas de critère formel pour distinguer si définitivement une berceuse d’une non-berceuse, cette émission est un documentaire, puis une fiction et, dans le même temps, une exploration des limites d’un genre d’une réputation très douce qui ne lui a jamais empêché de colporter des histoires sombres, parfois même proches de l’horreur.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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