Il peut paraître étrange que le mot de « sirène » qui désignait les créatures légendaires mi-femme mi-poisson au chant envoûtant, soit maintenant aussi utilisé pour désigner les appareils de grande puissance sonore qui serve à alerter la population d’un bombardement, d’une attaque ou de quelque danger. À moins que l’étrange homonymie soit en fait significative : sans doute que le charme du chant des sirènes, parce qu’il appelle une somnolence délicieuse, annonce lui aussi un danger aussi brûlant que la sirène des pompiers. Dans le Traité des sirènes, Philippe Beck prévient que les « Sirènes ne disent que cela, probablement : « Viens à la révélation de la vérité des liens, appelée Harmonie, et tu te sentiras délié, libre dans l’espace commun. » » En prétendant soulager une tragédie, les sirènes pourraient bien l’aggraver. S’il y a des musiques qui cajolent pendant que d’autres veulent donner cœur à l’ouvrage et fleur au fusil, ce sont peut-être les deux faces d’une même maldonne musicale. D’ailleurs, ce Traité des sirènes fait suite à un essai, La Berceuse et le Clairon, où Philippe Beck reprend l’adage : « La musique adoucit les mœurs » pour le prolonger : « La musique adoucit les mœurs qu’elle prépare à la guerre. » Philippe Beck est l’invité unique de ce numéro « Claironner » de Metaclassique.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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