Entre la harpe et la guitare, la différence est qu’on pince les cordes de la première alors qu’on gratte celle de la second. Même si rien n’empêche en soi de pincer les cordes d’une guitare, de gratter les cordes d’une harpe ou encore de les frapper comme les cordes d’un cymbalum. Les typologies d’instruments restent tout de même attachées à des gestes : on souffle dans les instruments à vents, tandis qu’on tape les instruments à percussion. Et puis, il y a un instrument dont l’histoire et la réputation sont restées associées à l’étrangeté : l’harmonica de verre, que l’on frotte, que l’on fait vibrer et pour lequel on doit, avant tout : se mouiller les doigts.
Il pourrait alors y avoir un paradoxe : si le « doigt mouillé » est célèbre pour offrir une thermométrie aussi approximative qu’un pifomètre, c’est dans un contexte très scientifique qu’au 18è siècle, s’est développé l’intérêt pour un instrument qui se joue les doigts mouillés : l’harmonica de verre, développé par un scientifique, Benjamin Franklin, qui était aussi respecté pour ses succès diplomatiques. Tant est si bien que, pour faire une histoire de la musique aux doigts mouillés, il fallait cumuler un intérêt pour l’histoire de la musique, mais aussi l’histoire des sciences, mais encore, une histoire sociale genrée où le destin des femmes musiciennes est tellement dissocié de celui des hommes. C’est ce qu’a fait notre invité, Mélanie Traversier, dans un essai paru aux éditions du Seuil : L’harmonica de verre et Miss Davies.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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