Metaclassique #286 – Simuler

Certaines sont avocates ou mathématiciennes, certains sont ingénieurs, banquiers, architectes… et cela ne les empêche pas de pratiquer le piano plusieurs heures par jour et d’entretenir leur virtuosité, même si leur profession reste indépendante de leur passion musicale. Ces pianistes se fédèrent autour du festival des Amateurs virtuoses dans lequel ils se rencontrent, se produisent, participent à des master classes avec des pianistes qui ont fait carrière dans la musique. Pour échanger sur les valeurs si proches de l’olympisme de ces amateurs, nous recevons Julien Kurtz, le directeur artistique du festival Amateurs virtuoses, Xavier Aymonod avec qui il se produit quelquefois à quatre mains, mais aussi la pianiste et pédagogue Rena Shereshevskaya qui enseigne à l’Ecole Normale de Musique de Paris Alfred Cortot et compte parmi ses élèves des pianistes vedettes, mais aussi des amateurs. Et vous allez pouvoir entendre comme, pour nos invités, il y a une grande nuance entre un amateur et un dilettante, même si ladite nuance reste à débattre.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #285 – Nouer

Topologie Noeuds

« Il y a quelque chose que je ne sais pas, que je suis censé savoir. Je ne sais pas ce que c’est que je ne sais pas et que je suis pourtant censé savoir. Et je sens que j’ai l’air stupide si je parais à la fois ne pas le savoir et ne pas savoir que je ne sais pas. En conséquence, je fais semblant de le savoir. C’est une épreuve pour les nerfs car je ne sais pas ce que je dois feindre de savoir. En conséquence, je fais semblant de tout savoir. »

Cet extrait des Nœuds que publie le psychiatre et psychanalyste anglais Ronald Laing montre bien qu’à emboîter certains raisonnements, le langage peut commencer à jouer contre ses propres intérêts et mettre ceux qui le parlent dans des conditions inconfortables et pas toujours contre-productives. Les textes de Laing ont même été à l’origine des mélodrames électroacoustiques du compositeur Francis Dhomont. Après avoir été l’élève du compositeur Charles Koechlin qui avait lui-même été élève de Fauré, Francis Dhomont a abandonné la musique instrumentale dans les années 1960 pour se consacrer à une musique concrète qu’il avait découverte fortuitement à la fin des années 1940, avant même de connaître l’existence de Pierre Schaeffer. Enregistré au cœur de la librairie du musée Réattu d’Arles à l’invitation de l’association Phonurgia Nova, ce numéro « Nouer » de Metaclassique va jouer le jeu des nœuds entre la musique et la parole dans l’œuvre de Domont, dans la pensée de Laing et plus littéralement dans les nœuds que l’on pouvait faire au début de l’enregistrement sonore magnétique avec les magnétos à fil. Pour ce faire, nous écouterons la compagne de Francis Dhomont, l’artiste Inès Wickmann, mais aussi la psychanalyste Brigitte Lalvée et l’ingénieur et penseur du son Daniel Deshays, qui signe aux éditions MF le livre Liberté d’écoute, le son véhicule de la relation. Et puis en fin d’émission, nous recevrons la visite de Daniel Rouvier, le conservateur et directeur du musée Réattu, le premier musée en France à disposer d’un département d’arts sonores.

Metaclassique bonus – Audiodécrire

En 1940, les studios Disney sortaient le premier film en stéréo de l’histoire du cinéma commercial, qui compte aussi parmi les premiers films sonores sans parole, dont la bande son est intégralement musicale, puisqu’on entend l’Orchestre de Philadelphie sous la direction de Leopold Stokowski interpréter des œuvres fameuses du répertoire classique, comme Casse-noisette de Tchaïkovski ou La Danse des heures de Ponchielli. Le film Fantasia est à son tour devenu un classique du cinéma d’animation, dont il pourrait paraître absurde d’en revendiquer les vertus de démocratisation de la musique classique jusqu’à la radio, où nous ne pouvons retransmettre les images qui permettent d’associer Mickey à L’Apprenti sorcier de Paul Dukas ou les dieux de la mythologie à la Symphonie pastorale de Beethoven. Encore qu’à la radio, nous avons toujours la possibilité d’ajouter à la musique une audiodescription au dessin animé.

Aussi, pour ce Metaclassique « Audiodécrire », nous avons choisi des audio-descripteurs de choix, en mobilisant les voix de la Compagnie Turbulences qui, pendant une heure, viennent restituer par la parole le feu d’artifices d’images que les studios Disney projetaient en 1940 sur ces quelques pages symphoniques.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #284 – Canoniser

Pianio.blog

Le mot « canon » semble d’abord ecclésiastique quand il désigne un « texte consignant une décision de l’autorité religieuse et fixant la règle de la foi et de la discipline religieuse ». Par métonymie, cela désigne l’ensemble des livres reconnus par une religion. Et, par analogie, le mot « canon » circule en art comme « la liste et le catalogue des auteurs considérés comme modèles du genre dans une matière ». Si bien qu’en musique classique, le mot « canon » devient une sorte d’équivalent du mot « répertoire » : puisqu’on peut facilement dire d’une œuvre « consacrée » d’un compositeur « reconnue » qu’elle est donc une œuvre  « canonique ». Et quand, au XXIè siècle, on fait des œuvres qui mixent des partitions canoniques avec des musiques pop, reste à savoir si on veut décanoniser les premières ou bien canoniser les secondes ou laisser toutes ces questions canoniques bien assez en l’air pour qu’elle finisse par s’atomiser dans l’atmosphère ? La perspective serait séduisante si on la laissait se produire tranquillement, mais il y a un gros mot qui semble empêcher le canon de se faire oublier au vent des pratiques croisées, c’est le mot « néo-classique » qui semble vouloir en découdre avec une consistance principalement autoproclamée.

Tout à la fois ouverte au minimalisme comme à certaines musiques pop électro ambient tantôt artisanal et souvent industrielle, la catégorie de « musique néo-classique » est si délicate à manier qu’elle n’est peut-être pas vraiment une catégorie. C’est pourquoi cet numéro « Canoniser » de Metaclassique ne veut fuir devant aucune de ses questions voisines : est-ce qu’il y a vraiment un rapport entre les minimalistes et la pop symphonique ? est-ce que le retour à la tonalité relève d’un néo-conservatisme à l’encontre des modernismes alors amalgamés aux avant-gardes et à leurs hypothétiques excès ? Et d’ailleurs, dans tout ça, comment en est-on arrivé à faire croire que, par nature, certaines musiques seraient plus inclusives que les autres ?

Pour en parler, nous recevons Coraline Aim qui a fait paraître aux éditions Le Mot et le Reste, le livre « Néo-classique » et Danick Trottier

qui signe aux Éditions Universitaires de Dijon, Musiques classiques au XXIè siècle. Le pari de la nouveauté et de la différence.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #283 – Pactiser

Doctor Faustus by Christopher Marlowe | ElizabethanDrama.org

« La musique, loin de nous consoler [pour autant – n’est-elle pas, n’en porte-t-elle pas toutes les marques, l’inconsolable même –] forme l’épaisseur, tendue entre instincts, désirs, douleurs, joies, pensées, oubli de toute pensée, de ce qu’on peut appeler notre ‘’humanité‘’[1]. » Cette phrase du philosophe André Hirt semble dire du lien entre la musique et l’humanité qu’il est à la fois indélébile et toujours menacé d’érosion. Et pour mieux dire ce qui se noue et se dénoue entre la musique et l’humanité, un roman se présente nodal. En 1947, le romancier Thomas Mann fait paraître Le Docteur Faustus comme la biographie imaginaire du compositeur Adrian Leverkühn. Thomas Mann met en scène un Pacte entre le compositeur fictif et le diable. Pour le philosophe André Hirt, ce Pacte fait entendre une rupture dans le lien qui unissait la musique et l’humanité. Et alors que la musique ne serait plus en mesure de nous mettre en prise avec l’unité du monde, elle resterait en creux, le témoin paradoxal qu’une pensée de l’humanité se désagrège. De La condition musicale jusqu’à Promesse de Beethoven en passant par La dernière sonate, les livres d’André Hirt nouent autour de la figure du compositeur Adrian Leverkühn une réflexion volontiers rhapsodique sur le devenir de la musique depuis les tremblements qui affectent les fondements de l’humanisme. Il est l’invité unique de ce numéro « Pactiser » de Metaclassique.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.


[1] André Hirt, La condition musicale, Éditions Les Belles Lettres, collection « encre marine », 2018, p. 61.

Metaclassique #282 – Relâcher

Dans les années 1980, avec le synthétiseur DX 7 de Yamaha, a été développé le protocole MIDI. (M.I.D.I comme Musical Interface Digital Instrument), un protocole de communication et de commande permettant l’échange de données entre instruments électronique, claviers, séquenceurs ou logiciels de musique et le format des fichiers midi pour noter, écouter ou enregistrer la musique.

C’est dans l’espace musique de la Bibliothèque publique d’information au Centre Pompidou à Paris que Metaclassique est installé pour accueillir un pianiste devenu chercheur : Jean Haury vient nous faire la préhistoire du MIDI, des automates musicaux du xviiiè siècle jusqu’aux pianos à rouleaux du début du xxè siècle pour mieux saisir les ressorts de sa propre invention : le Metapiano qui permet d’interpréter humainement des partitions numériques, sous forme de fichiers midi, sans les raideurs expressives des exécutions que les ordinateurs peuvent en faire.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Accéder au Midifile Performer :: scrime (u-bordeaux.fr)

Autres numéros de Metaclassique sur les objets scientifiques de la musique : #35 – Onduler (sur le thérémin), #110 – Mouiller (sur l’harmonica de verre), #134 – Chronométrer (sur le métronome), #222 – Combiner (sur le componium de Winkel), #254 – Accorder (sur le diapason) et #272 – Ausculter (sur le laryngoscope de Garcia fils).

Autres numéros de Metaclassique liés à Beethoven : #67 – Comparer (Beethoven à Rossini), #123 – Toucher (la musique des sourds), #129 – Cadencer, #130 – Désécrire (sur le Beethoven de Dubillard) et #281 – Marteler (sur l’opus 106 des poètes)

Metaclassique #281 – Marteler

La 29è Sonate de Beethoven n’a certainement pas moins d’intérêt en soi que la 28è ou la 30è. Mais cette 29è Sonate, opus 106 surnommée « Hammerklavier » connaît une circulation beaucoup plus étendue que les 28è et 30è. S’il n’y a peut-être pas de raisons musicales objectives à ce que la réception a détaché cet opus de Beethoven de ses autres partitions pour piano, il y a peut-être des raisons poétiques.

En tous les cas, l’opus 106 apparaît de manière récurrence dans l’œuvre de deux poètes français nés dans les années 1930 : Michel Deguy et Dominique Fourcade. Ce numéro « Marteller » de Metaclassique veut creuser le pourquoi de cette insistance des deux poètes sur ce même opus. Vous pourrez y entendre Dominique Fourcade en ouverture et en fermeture de l’émission, mais aussi Bénédicte Gorrillot qui s’est longuement entretenue de musique avec Michel Deguy dans les mois qui ont précédé sa mort en 2022. Et au milieu de l’émission, nous irons consulter l’historienne spécialiste de Beethoven, Elisabeth Brisson pour documenter les circonstances dans lesquelles Beethoven en est venu à composer ce que le pianiste Paul Badura-Skoda tenait pour l’équivalent pour le piano de la 9è Symphonie.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #280 – Enrouler

Quand on dit « Rrrrrhooo » « rrrhhaa », est-ce qu’on dit déjà quelque chose ? Il semble qu’à peine un son proféré s’articule avec un autre que, déjà, de la signification se prépare et circule. À force de parler de musicalité de la poésie, se faufile pourtant l’idée qu’excitée dans ce qu’elle pourrait avoir de sonore, la poésie pourrait s’émanciper de tout commerce avec le sens et devenir une musique verbale, mais pure de toute charge sémantique. Au contraire, Antonia Soulez enroule sa poésie à sa pensée philosophique pour faire l’expérience d’une écriture qui continue de beaucoup signifier quand elle se frotte et s’enroule aux sons qu’elle produit. Le sens s’enroule au son d’autant que le sens procède de l’enroulement du son avec d’autres sons jusqu’à ne pas pouvoir ne pas faire sens.

Pour ce numéro « Enrouler » de Metaclassique, nous recevons la philosophe poète Antonia Soulez, mais aussi la mezzo-soprano et percussionniste Roula Safar et le clarinettiste Jean-Marc Chouvel venus jouer en temps réel dans les Studios de la SACD des enroulements vocaux et instrumentaux aux propos et poèmes d’Antonia Soulez, avec qui nous allons tâcher de parler à ras du langage et chercher à penser qu’est-ce qui peut bien se dire quand, à se tenir à même le ras du langage, on se dit de ces choses en plein dedans ce qu’on est donc en train de se dire.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #279 – Mijoter

Dans une tribune parue début 2024 dans La Lettre du Musicien, le compositeur Jean-Louis Agobet imaginait que, pour sortir de l’élitisme dont elle est accusée à tort ou à raison, la musique contemporaine devait prendre exemple sur la haute gastronomie. Il écrivait : « Élitiste, terriblement hermétique dans ses codes et son vocabulaire, la cuisine des happy few est devenue incroyablement ouverte et populaire sans renoncer à la qualité, l’exigence créative et l’invention, mais en abandonnant la pureté de l’espace dans laquelle elle se déployait, en repensant complètement le discours et les codes qui l’accompagnaient »

Si l’analogie peut toujours laisser perplexe, elle peut aussi donner envie d’essayer, ne serait-ce que pour vérifier qu’il est plus drôle d’en jouer, quitte à l’entendre au second degré. C’est bien dans un esprit ouvertement ludique que, dans le cadre de l’édition 2024 de Massyrama, la ville de Massy a accueilli Metaclassique pour organiser, en public, l’enregistrement de Top Maestro : et si, grandeur nature, on faisait l’équivalent d’une émission comme Top Chef ou Le meilleur pâtissier en remplaçant les épreuves culinaires par des épreuves de compositions musicales. Enregistré en public à l’Opéra de Massy, cet épisode « Mijoter » de Metaclassique a été conçu avec la complicité du pianiste Orlando Bass que vous entendrez interpréter les différents mets musicaux à peine composés par sept compositeurs et compositrices sélectionnées parmi de nombreux candidats par deux compositrices qui se sont prêtées au jeu d’être le jury de ce concours : Suzanne Giraud et Florence Baschet.

Les candidats sont Léon Appeldoorn, Mickaël Bernard, Yu Hsin Cheng, Ziyue Yu, Florestan Labourdette, Fanny Libert et Can Yücel,

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #278 – Criser

Dans La crise de la musique contemporaine et l’esthétique fondamentale, Jean-Marc Chouvel écrivait que « Le terme de ’’musique savante’’ froisse l’oreille de bien des compositeurs qui y voient une accusation d’ésotérisme peu compatible avec la vocation universelle de toute musique ‘’vivante’’. » Le compositeur et musicologue ajoute que « Dans toutes les cultures, l’accès à l’œuvre d’art, que ce soit pour sa pratique ou pour son appréciation, présuppose une certaine initiation, et cela peut aller d’une simple acculturation passive à un cheminement bien plus ésotérique. » Autrement dit, ce n’est pas le propre de la musique contemporaine que de demander à qui l’écoute de s’y habituer, de s’y acclimater, de s’y accoutumer. Mais si les forces vives de la musique contemporaine peuvent se sentir en peine, c’est parce qu’en plus d’une injonction à la compréhension immédiate, leur arrive la vive sensation d’être jugé comme une voiture de série dans un salon de l’automobile, quand ce n’est l’impression de devoir justifier leur façon de faire de la musique.

Lui-même traversé par le sentiment d’une crise, le compositeur Maël Bailly s’est engagé dans une thèse intitulée : « Changez d’adresse. La musique contemporaine à l’épreuve d’un dépaysement », pour laquelle il a voulu interroger des compositeurs et compositrices et recueillir leurs ressentis et leurs réflexions sur l’état de la musique contemporaine. Metaclassique a passé commande à Maël Bailly d’un volet radiophonique de cette enquête où une dizaine de talents émergents témoignent de la manière dont ils se sentent traités par le milieu, improprement comparés aux musiques de marché et parfois trahis par la tenace impression de se sentir redevables d’explication pour rendre leur musique plus accessible à un large public. Et dans l’espoir de neutraliser quelques parasitages de réputation et de tenter de maintenir au premier plan la qualité de leurs raisonnements, les personnes interrogées par Maël Bailly ont délibérément été maintenue dans l’anonymat, sans que leur voix n’ait pour autant été floutée.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Les pièces musicales en écoute dans l’émission sont : D’une étincelle et De un umbral vacante de Maël Bailly, interprétées par Nicolas Arsenijevic (saxophone) et Claire Merlet (alto)

Metaclassique #277 – Influencer

Dans Le neuf, le différent et le déjà-là : Une exploration de l’influence, la philosophe Judith Schlanger explique que l’influence brouille la distinction entre l’intérieur et l’extérieur de qui s’influence : « Car dès qu’il s’agit d’influence rien n’est purement interne (puisque ce qui influence provient d’ailleurs) et rien n’est purement externe (puisque ce qui influence est assimilé et intériorisé). » (p. 30) De là à ce qu’un peintre puisse se laisser influencer par de la musique, c’est sans compter que l’influence n’est qu’une des questions que peinture et musique peuvent avoir en partage… À l’occasion de l’exposition monographique du peintre Marc Desgrandchamps à la Galerie Duchamp à Yvetot, Metaclassique interroge le peintre sur son rapport à la musique. Et puisque toutes les émissions commencent par rappeler que « l’analogie peut aller très loin », nous irons jusqu’à nous demander : s’il faut toujours beaucoup de place pour faire éclater une couleur ? s’il vaut mieux faire des tableaux pas plus grand que soi ? si l’impressionnisme est plutôt contre la netteté ou pour la pollution ? Ou encore : s’il y a moyen d’arriver à aimer une musique huileuse ?

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Metaclassique #276 – Spéculer

Une petite musique circule qui voudrait que les compositions musicales encourent le risque d’atteindre certains niveaux de complexité où elles pourraient arriver à se couper du public. Dit comme ça, la musique pourrait devenir irrecevable pour une seule question de forme des œuvres, sans que ne se trouvent mises en cause : la forme que peuvent prendre les concerts où les œuvres sont « exécutées », la réputation que les dominants donnent aux expressions sonores spéculatives ou encore l’ambiance dans laquelle les lieux l’accueillent. Alors que prendre la complexité comme curseur des générations de compositeurs des 20è et 21è siècles, revient à se placer dans un surplomb qui suppose que ladite complexité a été digérée et n’est donc plus vraiment la question.

Dans Le Principe d’incertitude paru aux éditions Delatour, le compositeur Bernard de Vienne donne à la spéculation la vertu de faire un pont entre l’Ars Subtilior et certaines extravagances de la musique savante du XXè siècle. Mais c’est aussi dans ces spéculations qu’il trace un chemin de pensée de ses propres compositions musicales. C’est donc pour creuser les subtilités de la place de la subtilité que les micros de Metaclassique s’installent chez Bernard de Vienne, à Chaville, en compagnie de deux de ses amis : le philosophe Claude-Henry du Bord et le clarinettiste Jean-Christophe Murer pour un numéro « Spéculer » qui s’ouvre donc sur un madrigal de Paolo Da Firenze du début du XVè siècle.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.

Le principe d'incertitude