En 1994, dans un biopic qui raconte la vie de Beethoven, Immortal Beloved du réalisateur Bernard Rose, il y a une scène anthologique où on voit Beethoven éprouvé par la surdité qui progresse, jouer ce premier mouvement de sa 14ème Sonate en collant l’oreille sur le piano. En fait, Beethoven compose cette 14ème Sonate en 1801. Il a 30 ans, sa correspondance montre qu’il est au début de ses problèmes d’audition. Il n’en parle qu’à quelques amis de confiance, dans des lettres où il insiste pour que cela reste un secret. Ses tentatives pour entendre la musique par d’autres moyens que l’oreille – et notamment par conduction osseuse – ne vont se généraliser que quelques années plus tard. Si l’image de Beethoven qui colle son oreille à l’instrument est si anthologique dans le film de Bernard Rose, c’est peut-être qu’au-delà du tragique, elle offre aux spectateurs une expérience d’écoute : parce qu’on se trouve alors invité à écouter la sonate en imaginant l’oreille défaillante du compositeur et à envisager, au-delà de ce qui est musique à notre oreille, qu’est-ce qui fait musique à notre corps ? C’est pour nourrir cette question que nous avons réuni à la Bibliothèque publique d’information : la compositrice Pascale Criton et le chercheur et musicien Hugues Genevois qui ont développer des dispositifs sonotactiles pour mener des expériences d’écoute par le toucher et la chercheuse – à la fois en acoustique et en design – Claire Richards qui prépare une thèse pour mieux comprendre la sensibilité vibrotactile relative du corps, mais aussi les limites d’efficacité de la conduction osseuse du son.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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