Est-ce qu’il faut connaître les origines d’un musicien pour sentir comme sa musique est importante pour lui et projeter sur elle une intensité que l’on aimerait pouvoir faire résonner quelque part d’assez profond en nous pour se trouver au moins aussi poignant ? Pourquoi il est bien évident que les musiques issues de processus migratoires peuvent avoir d’autres choses à faire entendre que la seule histoire migratoire qui a pu les porter ? Entre le fait que les migrants sont appelés à se raconter et la tentation des institutions culturelles à valoriser la richesse musicale qui ressort de la diversité des pays d’origine, pourquoi faut-il en passer par des formes aussi événementielles que des festivals, des prix, ou des appellations aussi catégoriques que les « musiques du monde ». Nous recevons Julie Oleksiak et Julien Labia qui ont tous les deux contribué au dossier « Migrants musiciens » du 32è numéro des Cahiers d’ethnomusicologie pour débattre de ces tensions qui traversent l’écoute de la musique devant le fait de « Migrer » – des tensions que l’on pourrait faire remonter aux années 1880, à l’époque où les compositeurs s’inspiraient des musiques lointaines venues à Paris pour l’occasion des expositions universelles, alors que la notion d’immigration commençait tout juste à faire l’objet de discours réglementaires, pendant qu’on inventait les papiers d’identité et le Code de la nationalité, respectivement en 1888 et 1889.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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