Si on « joue » de la musique, c’est qu’il doit y avoir autant de manières de jouer de la musique qu’il peut exister de jeux. Le pédagogue Jean Piaget distinguait 4 types de jeux : dans sa classification ESAR, il y a les jeux de E comme Exercice (qui vont de l’éveil sensoriel aux jeux de manipulation et de motricité), il y a les jeux S comme Symboliques (comme les jeux de rôle, de mise en scène ou de représentation), les jeux de A comme Assemblages (c’est-à-dire les jeux de constructions, d’agencement, d’expérimentation) et les jeux de R comme Règles (qui englobent aussi bien les jeux d’association, de parcours, de combinaison, d’adresse, de hasard, de questions-réponses…).
Dans le Manuel de pédagogie musicale qu’elle vient de faire paraître aux éditions Minerve, l’artiste sonore Andrea Cohen essaye de démultiplier les approches en combinant les différents types de jeu et en imaginant des points de contact avec son univers musical qui s’étend de la création radiophonique au théâtre musical en passant par les musiques mixtes.
Alors, comme Métaclassique aime bien se prêter au jeu, nous écouterons les projections zodiacales des élèves de seconde du Lycée Claude Gelée à Epinal qui, dans le cadre d’une semaine culturelle (quelques jours avant les mesures de confinement), ont confronté leur sentiment de plus ou moins ressembler à leur signe astrologique à leur impression de plus ou moins ressembler à la musique associée à leur signe dans Tierkreis – un cycle de 12 mélodies – une pour chacun des signes du zodiaque, composée par Karlheinz Stockhausen qui était lui-même du signe du Lion.
NOTA BENE : Parler des caractéristiques de son signe astrologique, c’est pas tout à fait, mais c’est quand même parler de soi. Écouter une pièce de Stockhausen qui fait référence à son signe astrologique, cela pourrait permettre de vérifier que l’analogie est artificielle, mais comme il est plus intéressant, ne serait-ce que pour jouer, de se projeter, il suffit d’essayer pour que l’effet miroir déforme et donc informe de quelque chose. Alors, écouter la musique de Stockhausen pour vérifier si c’est bien de soi-même dont on a parlé, n’est peut-être pas la plus pure des raisons de lui prêter gare, c’est peut-être pourtant la meilleure des raisons, pourvu qu’elle soit toujours plus reluisante que l’idée qui revient à s’accoutumer à l’indifférence générale à force de se féliciter de faire feu de tout bois, à force de prétexter que toutes les raisons sont bonnes.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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