Dans le Journal des Débats du 5 mars 1858, on peut lire une distinction très nette et autant dire caricaturale entre la musique pour instruments et l’opéra, dans l’affirmation d’un compositeur pour qui : « La musique pure est un art libre, grand et fort par lui-même. Les théâtres lyriques sont des maisons de commerce où cet art est seulement toléré et contraint d’ailleurs à des associations dont sa fierté a trop souvent lieu de se révolter. » Ce compositeur est Hector Berlioz qui, quelques semaines plus tôt (le 24 septembre 1857), balançait dans le même journal : « Les anciens étaient des artistes, et nous ne sommes que des boutiquiers. » À vouloir un art musical qui ne raconte pas d’histoire, qui ne fait pas de commerce, Berlioz pouvait passer pour un esprit opposé au progrès, alors même qu’il ne manquait jamais de saisir toutes les opportunités offertes par les débuts de la société industrielle pour faire entendre la musique toujours plus loin, toujours plus haut et toujours plus fort. Pour entrer dans le dédale des positionnements souvent ambigus des forces vives de la musique du 19è siècle en matière de progrès, Metaclassique est cette semaine installé à la Bibliothèque La Grange-Fleuret où nous réunissons le musicologue Emmanuel Reibel qui a signé chez Fayard l’essai Du métronome au gramophone. Musique et révolution industrielle et Marta Caraion qui enseigne à l’Université de Lausanne la littérature française, qu’elle questionne du point de vue de ses rapports avec la culture matérielle, jusqu’à questionner ces écrivains qui, au 19ème siècle, contestaient abondamment l’idéologie du progrès.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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