Metaclassique #222 – Combiner

Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Vos beaux yeux, belle marquise, mourir d’amour me font… C’est dans la scène 4 de l’acte II du Bourgeois gentilhomme de Molière que le maître de philosophie donne une leçon à Monsieur Jourdain qui, tout en apprenant qu’il fait de la prose sans savoir, s’aperçoit que la meilleure manière de mettre la phrase en ordre est encore celle qui lui est été apparue spontanément. Un peu comme si la leçon de Monsieur Jourdain n’avait pas été entendue, on a vu fleurir au milieu du XVIIIᵉ siècle des partitions combinatoires qui permutaient des fragments de phrases musicales pour en démultiplier les possibilités d’agencement en nombre astronomique. Et puis, en 1821, le mécanicien horloger amstellodamois dit Diederich Nikolaus Winkel, a confectionné un componium, un automate capable d’improviser de la musique pour retracer l’histoire de ce premier improvisateur mécanique. Les micros de Metaclassique sont allés à la rencontre de son unique exemplaire au Musée des instruments de musique de Bruxelles et du responsable des collections d’instruments électriques, électroniques et d’automates et musicologue Wim Verhulst. Au cours de l’émission, vous entendrez aussi les expertises de John van Tiggelen qui, dans les années 1980, a démonter et remonter ledit compendium pour pouvoir en décrire le fonctionnement par le menu et lui consacrer une thèse ; ainsi que Martin Paris, ce qui, au musée Speelklok à Utrecht, a construit en 2021 une réplique du componium en version réduite, mécaniquement fidèle à l’instrument de Winkel. Mais comme le Bourgeois Gentilhomme a pu le montrer, c’est bien au XVIIᵉ siècle que l’art combinatoire a réellement décollé. Le premier savant à avoir calculé le nombre de mélodies que l’on pouvait faire avec cinq ou six ou sept notes, étant le polymathe Marin Mersenne, nous entendrons depuis Santa Fé en Argentine, celle qui a réfléchi à la pensée mathématique de la musique de Mersenne, la philosophe Brenda Basilico.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.