Le 16 janvier 1935, à l’université des Annales, Paul Valéry prononce une conférence, intitulée Le bilan de l’intelligence. Pour le poète l’heure est grave puisque, dit-il : « il s’agit de savoir si ce monde prodigieusement transformé, mais terriblement bouleversé par tant de puissance appliquée avec tant d’imprudence, peut enfin recevoir un statut rationnel, peut revenir rapidement, ou plutôt peut arriver rapidement à un état d’équilibre supportable ? » (p. 21) Parmi les inquiétudes de Paul Valéry, les efforts culturels butent eux aussi sur la perte de sens que leur accumulation risque de produire. Il écrit : « Nous avons, en vue de la culture artistique, développé nos musées ; nous avons introduit une manière d’éducation esthétique dans nos écoles. Mais ce ne sont là que des mesures spécieuses, qui ne peuvent aboutir qu’à répandre une érudition abstraite, sans effets positifs. »
Les mots de Valéry alertent encore, puisque : la question est si grave, qu’elle reçoit encore aujourd’hui des réponses très majoritairement irresponsables. Il y a une vision traditionnelle de la médiation culturelle comme moyen qui renforce la vision des œuvres comme une fin, ce qui mettrait dans une logique machiavélique : qui dit que la fin justifiant les moyens, dit que tous les moyens sont donc bons, comme si, au nom d’un enjeu essentiel, les chemins pour le servir n’avaient pas d’importance. Est-ce qu’au contraire, la médiation musicale ne doit interroger ses moyens autant que ses finalités ? Voilà des questionnements que Metaclassique partage avec la plateforme musicale indépendante apparue au printemps 2021, Hémisphère son, dont nous recevons un représentant : David Sanson. Pour approfondir la discussion, nous accueillons aussi Sylvie Pébrier : musicologue et inspectrice musique de la DGCA, la Direction générale de la création artistique du Ministère de la Culture.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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