De la relation entre Œdipe et sa mère à l’amour de Phèdre pour Hippolyte, l’opéra a mis en scène des amours incestueuses qui tendent le tissu dramatique jusqu’à des paroxysmes insurmontables ou sidérants. Parce qu’il touche à un tabou fondateur de la civilisation, on pourrait s’en tenir à une lecture autorisé de l’inceste, au risque de laisser dans un état inexplicable le fait que les œuvres lyriques se trouvent alors dans une situation très trouble, génériquement instable. Là où le désir s’emmêle dans la généalogie, il y a ce que Bruno Ducol appelle un métissage : au lieu de se tisser en harmonie, les liens familiaux se métissent. D’où le mystère de voir, dans son occurrence la plus consacrée, le mot métissage posé sur le fruit d’alliances au-dessus de tout soupçon de consanguinité.
De Mozart, il y a certes Mitridate dont l’épouse est convoité par les fils ; de Verdi, il y a Don Carlo qui coulait le parfait amour avec Elisabeth de Valois jusqu’à ce que leur amour devienne impossible quand son père Philippe II fait le projet de se marier avec… Elisabeth de Valois. Mais il y a alors un inceste si littéral qu’il pimente l’intrigue sans faire éclater le drame. Au contraire, nous allons avec Bruno Ducol cherché, dans l’histoire de l’opéra, là où l’inceste tisse ou métisse le drame lyrique, à commencer par la figure d’Œdipe qui nous donnera l’occasion d’entendre un large extrait d’un entretien inédit réalisé il y a dix ans avec le philologue Jean Bollack.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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