Alors que la firme Native Instruments commercialise depuis cet été, un synthétiseur virtuel à partir d’échantillon d’enregistrement d’un violon Stradivari pour 199 €, rappelons-nous : Antonio Giacomo Stradivari est né à Crémone, dans le duché de Milan, en 1644. En 93 ans d’existence, il a produit quelques 500 instruments aujourd’hui surcotés, certains exemplaires pouvant être vendu aux enchères entre 30 ou 40 millions de dollars. À ce prix-là, il se dit que certains luthiers peuvent être tentés, quand ils ont à faire à un très beau et très bon violon moderne qui réunit toutes les qualités qui font la réputation et le prestige des plus fameux des anciens, de leur accoler une étiquette Stradivarius qui leur permettra de les vendre avec 1, 2 ou 3 zéros de plus. On pourrait toujours et encore se demander comment faire pour démêler le vrai du faux, séparer la réalité de la fiction. Mais cela reviendrait à ne pas voir l’essentiel, à savoir : comment est-ce que la réalité est bien obligée de s’adapter au mythe, à vivre avec et, surtout, à jouer avec lui. On se demandera alors comment, pour la dépasser, la réalité cohabite et doit surtout coopérer avec les jeux de mystifications qui continuent d’entourer ces instruments. Pour rentrer dans le détail de la cohabitation, nous sommes heureux de réunir, pour la première fois publiquement, Claudia Fritz chargée de recherche CNRS au sein de l’équipe Lutheries-Acoustique-Musique à l’Institut Jean le Rond d’Alembert de Sorbonne Université et Jean-Philippe Echard qui, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, travaille depuis vingt ans pour le Musée de la musique à la Philharmonie de Paris : d’abord comme ingénieur de recherche et aujourd’hui comme conservateur spécialiste des violons en général et des Stradivarius en particulier.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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