Metaclassique #215 – Trinquer

Dans la septième de ses quarante-et-une dissertations, le rhéteur grec du IIè siècle Maxime de Tyr entend prouver que « La philosophie s’approprie à toutes les situations de la vie ». Pour le prouver, il procède par élimination. Et quand c’est au tour de la musique d’être éliminée, pour chercher à démontrer que la musique n’a pas la capacité à « s’approprier à toutes les situations de la vie », Maxime de Tyr assure que les philosophes ne sont pas « moins capables que les musiciens de se prêter à cette variété d’harmonie, à cette diversité de tons qui lui sont propres[1] ». Même s’il admet qu’il y a un moment unique marqué pour le musicien qui sait marier les doux accents de sa voix aux tendres sons de la guitare, c’est celui où les tables regorgent « de mets et de vins, et où les échansons versent à boire à la ronde ». Si on suit les raisonnements de Maxime de Tyr, à moins qu’on ne s’y perde, les musiques bacchiques et autres chansons à boire pourraient bien être les seules à s’approprier à des situations de la vie encore mieux que la philosophie pourtant réputée faire face à toutes les situations. C’est dire qu’en consacrant un numéro de Metaclassique aux airs à boire, la responsabilité pourrait être lourde. C’est dans le salon Mahler de la Bibliothèque La Grange Fleuret que nous recevons les musicologues Florence Gétreau et Robin Bourcerie pour des échanges qui veulent faire trinquer les musiques bacchiques sous l’Ancien Régime et qui seront agrémentés des interventions de Thomas Soury et Léonard Pauly.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.


[1] http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/maxtyr/sept.htm#6a