Le mot « canon » semble d’abord ecclésiastique quand il désigne un « texte consignant une décision de l’autorité religieuse et fixant la règle de la foi et de la discipline religieuse ». Par métonymie, cela désigne l’ensemble des livres reconnus par une religion. Et, par analogie, le mot « canon » circule en art comme « la liste et le catalogue des auteurs considérés comme modèles du genre dans une matière ». Si bien qu’en musique classique, le mot « canon » devient une sorte d’équivalent du mot « répertoire » : puisqu’on peut facilement dire d’une œuvre « consacrée » d’un compositeur « reconnue » qu’elle est donc une œuvre « canonique ». Et quand, au XXIè siècle, on fait des œuvres qui mixent des partitions canoniques avec des musiques pop, reste à savoir si on veut décanoniser les premières ou bien canoniser les secondes ou laisser toutes ces questions canoniques bien assez en l’air pour qu’elle finisse par s’atomiser dans l’atmosphère ? La perspective serait séduisante si on la laissait se produire tranquillement, mais il y a un gros mot qui semble empêcher le canon de se faire oublier au vent des pratiques croisées, c’est le mot « néo-classique » qui semble vouloir en découdre avec une consistance principalement autoproclamée.
Tout à la fois ouverte au minimalisme comme à certaines musiques pop électro ambient tantôt artisanal et souvent industrielle, la catégorie de « musique néo-classique » est si délicate à manier qu’elle n’est peut-être pas vraiment une catégorie. C’est pourquoi cet numéro « Canoniser » de Metaclassique ne veut fuir devant aucune de ses questions voisines : est-ce qu’il y a vraiment un rapport entre les minimalistes et la pop symphonique ? est-ce que le retour à la tonalité relève d’un néo-conservatisme à l’encontre des modernismes alors amalgamés aux avant-gardes et à leurs hypothétiques excès ? Et d’ailleurs, dans tout ça, comment en est-on arrivé à faire croire que, par nature, certaines musiques seraient plus inclusives que les autres ?
Pour en parler, nous recevons Coraline Aim qui a fait paraître aux éditions Le Mot et le Reste, le livre « Néo-classique » et Danick Trottier
qui signe aux Éditions Universitaires de Dijon, Musiques classiques au XXIè siècle. Le pari de la nouveauté et de la différence.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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