Comme il y a des œuvres qui – manifestement – n’ont pas été terminée par leur compositeur, rien n’empêche d’autres compositeurs de chercher à les achever… Est-ce qu’il faut alors être fidèle au style du compositeur qui n’a pas fini l’œuvre ? Est-ce que la fidélité à ce qu’on comprend de son style ne risque pas de le tirer vers la caricature de lui-même ? Et avant de savoir si l’attribution demande révision ou correction, est-ce que l’inachèvement ne devrait pas, d’abord, nous dissuader de vouloir à tout prix qu’il s’agisse, en effet, d’une œuvre ? Si on ne sait pas toujours pourquoi il n’a pas fini telle œuvre, on ne sait jamais ce qu’il aurait fait pour justement ne pas l’avoir fait. Et comme c’est une bonne occasion de sortir de ses manières de produire de la musique, boucler les partitions inachevées des autres n’est donc pas une mauvaise occasion d’essayer encore d’autres manières que celles qui, dans leur inachèvement, visait peut-être une suspension partiellement volontaire, mais éventuellement à dessein. C’est pourquoi l’envie de parachever les œuvres des autres n’a même plus de raison de s’arrêter aux partitions inachevées. Et pour cause : il y a des œuvres qui sont tout à fait terminées, qui ont tout l’air d’être accomplies, pleinement épanouies, au point de pouvoir, elles aussi, donner envie de s’amuser à les re-parachever.
C’est la deuxième fois que Métaclassique s’installe à la Bibliothèque publique d’information avec une formule originale : inviter le pianiste Nicolas Horvath qui fait paraître un disque au concept original : avec des œuvres inachevées de Debussy « complétées » – et pourquoi pas dire – « parachevées » par Robert Orledge – et, inviter, avec lui, tous les contributeurs du livret : à savoir, dans l’ordre d’apparition dans l’heure qui vient : le philosophe Yannis Constantinidès, la psychopathologue et victimologue Marie-Lise Babonneau et le compositeur Régis Campo.
Une émission produite et réalisée par David Christoffel.
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