Metaclassique #345 – Déséparer

« L’être sincère serait alors celui qui obéit à la matière de sa forme. En même temps, il faut bien que chacun donne forme à la matière de son bouillonnement, de sorte que la sincérité est à la fois supposée et visée, comme on sait. Ce qui reste de la sincérité n’est que l’impossibilité de son hypothèse en vue de la possibilité de sa visée[1]. »

On peut comprendre dans ce développement de Philippe Beck que la sincérité bute sur un impossible, cela ne l’empêche pas d’être ressentie comme une nécessité. Et on comprend aussi qu’au lieu d’en rester à l’état d’injonction paradoxale, cette tension est donc bien inhérente à ce qui fait l’exigence de sincérité.

Il est récurrent dans la pensée et la poésie de Philippe Beck de défaire les fausses oppositions, de dé-séparer les dualismes et les polarisations, à ne pas laisser les choses à l’état de paradoxe et à tenir l’unité des contraires dans une tension dynamique qui a souvent plus fertile à dire que de simplement mimer un semblant de résolution. Pour ce numéro Dé-séparer de Metaclassique, nous allons revenir avec Philippe Beck sur les moments de dé-séparation rencontrés dans les pages liées à la musique dans son livre Documentaires paru aux éditions Le Bruit du temps.

Cet entretien est ponctué de lectures de poèmes extraits de recueils anciens tels que Rude merveilleux (éditions Al Dante, 1998) et Aux recensions (éditions Flammarion, 2002) et de son recueil le plus récent, Abstraites et enfantines (éditions Le Bruit du temps, 2025).

Une émission conçue et animée par David Christoffel.


[1] Philippe Beck, Documentaires, Gouville-sur-Mer, Éditions Le Bruit du temps, 2025, p. 72.